La première école Saint-Luc fut fondée à Gand en 1863, pour proposer une alternative pédagogique aux académies.
C’est le 1er mars 1878 que voit le jour à Tournai une école Saint-Luc, sise d’abord rue du Four Chapitre (emplacement actuel de l’Ecole des Frères), puis rue du Curé Notre-Dame. Cette école d’apprentissage du dessin est jumelée avec une école de musique sacrée, l’Ecole Saint-Grégoire, qui devait assurer la formation de la maîtrise de la cathédrale.

A la fin du 19ème siècle, s’impose en France la séparation de l’État et de L’Église, connue sous le nom de « Loi Combes ». Les congrégations religieuses se voyant interdire toute action d’enseignement, plusieurs d’entre elles prennent la décision de s’exiler pour pouvoir poursuivre leur mission. C’est ainsi que les Frères des Écoles Chrétiennes responsables d’un internat dans la commune de Passy, située près de la Tour Eiffel à Paris, décident de s’installer juste de l’autre côté de la frontière dans le petit village – alors indépendant – de Ramegnies-Chin.

A l’origine, l’établissement est géré par quatre frères qui prônent l’idéal de la Congrégation des Frères des Écoles Chrétiennes (ou Lassaliens). À partir de ce moment, l’école Saint-Luc de Tournai ne fera que se développer malgré les aléas de l’Histoire ; elle donnera notamment naissance à l’Institut des Hautes Etudes des Communications sociales (IHECS, aujourd’hui installé à Bruxelle et à l’Institut des Arts de Diffusion (aujourd’hui à Louvain-la-Neuve).

La construction de l’imposant édifice néo-gothique que l’on connaît aujourd’hui à Tournai est confiée à Paul Clerbaux, un jeune architecte tournaisien (d’à peine 25 ans) qui entame le chantier du Pensionnat de Passy-Froyennes le 22 mars 1904. La construction néo-gothique, à l’exception de la Chapelle, est pratiquement terminée 15 mois plus tard, grâce au travail de 200 hommes qui se relaient jour et nuit. Le techniques choisies sont innovantes pour l’époque : poutres anti-incendie pour la charpente, dalles en béton pour les étages …. Dès cette époque, le Pensionnat Passy-Froyennes accueille déjà 240 élèves.

En 1922, l’internat propose, fait exceptionnel pour l’époque, à chaque élève une chambre meublée, éclairée et chauffée. La publicité précise qu’en vue de ménager une transition entre la vie de l’internat et celle de la caserne, les élèves âgés d’au moins 18 ans peuvent sortir librement l’après-midi du samedi et du dimanche, tout en se conformant aux prescriptions réglementaires…

Dès 1936, cette école, qui se veut principalement une école d’architecture, compte plus de 500 élèves.

Mai 1940. Tournai est bombardée et les locaux de l’école Saint-Luc sont pour la plupart détruits. Seuls seront épargnés les ateliers de typographie et d’ébénisterie.

L’après-guerre voit un Saint-Luc éclaté dans des locaux dispersés dans la ville (chaussée de Lille, rue du Chambge, rue Frinoise, boulevard Léopold). Les lois Combes n’étant plus en vigueur en France, c’est donc naturellement que les Frères de Passy y retournent. Un accord est conclu entre les Frères des Écoles Chrétiennes et Saint-Luc et en 1960, le déménagement s’effectue pour permettre à l’institut Saint-Luc de retourner s’installer dans l’immense bâtiment situé à Froyennes.

En 1958, le Frère Maxime Rossion ouvre une section supérieure nouvelle des techniques de diffusion et de relations publiques, embryon de ce que sera l’Institut des Hautes Etudes de communications sociales.

En 1983, la section supérieure des techniques de diffusion et de relations publiques quitte le site de Froyennes et une partie des bâtiments sont vendus.

En 1995, l’École Supérieure des Arts est créée – l’ESA Saint-Luc Tournai – et acquiert une identité propre avec un encadrement pédagogique et administratif spécifique.

Présentation notamment inspirée de l’ouvrage Passy-Froyennes 1904 – 2004 de Daniel Maurage.

Pour en savoir plus :

Reportage Notélé // Journées du patrimoine : les dessous de Saint-Luc à Ramegnies-Chin

Article Entrée Libres n°175 // Mémoire d’école : Saint-Luc Tournai : une ville dans la ville.